Conseil d’agglo 28 septembre 2021. Subvention IMANIS et hébergement femmes victimes de violences. Intervention de Bruno Nottin

Certes, 10 places en plus pour l’hébergement de femmes victimes de violences dans le montargois, en plus des 10 actuelles, c’est toujours bon à prendre, même si c’est insuffisant. 

Mais cette délibération pose deux types de difficultés

 La première difficulté tient à l’opacité du projet d’hébergement des femmes victimes de violences, opacité entretenue notamment vis à vis des associations de terrain qui n’ont été tenues au courant de rien. Faut-il vous rappeler que le collectif LUNA( AVL, femmes solidaires, 1000 sourires, CIDFF, collectif immigrés) travaille depuis 2018 sur un projet d’hébergement immédiat sur le territoire montargois et ce projet Imanis, le met de côté et n’y fait pas référence.Pourtant, un projet mené de façon collective avec les associations locales comme femmes solidaires , 1000 sourires  ou AVL aurait permis d’enrichir la réflexion et de croiser les expériences. Trop de partenaires sont mis de côté alors qu’ils auraient eu toute légitimité pour enrichir le projet

Opacité encore quant à la subvention de 14 720 euros pour 2021, 29 440 euros en 2022 et 2023, soit 73 600 euros au total. Avec de tels montants, il faudrait davantage de précisions sur le projet : y-a-t-il déjà un directeur de recruté, y-aura -t-il un gardien 24 h sur 24h pour assurer la sécurité des lieux et protéger les femmes et les enfants, des travailleurs sociaux diplômés, des éducateurs, éducatrices diplômé-es, des psychologues… ? Quel est le lieu choisi ? Au départ ça devait être Gudin mais ça ne semble plus être le cas…Quels sont les éléments précis qui conduisent l’agglomération à verser 14 720 euros ,pour 2021 et 29 440 euros pour 2022 puis 2023 ? Est-ce que la gestion du 115 par IMANIS fait partie des éléments qui ont été pris en compte pour fixer les montants de ces subventions alors même qu’IMANIS perçoit déjà des subventions de l’État par le biais de la Préfecture pour gérer le 115 ? 

Opacité encore quand Mr Billault dit une chose et fait l’absolu contraire un an après : le 25 novembre 2020, quand il a rencontré le collectif Luna à l’agglomération, Mr Billault a déclaré que l’hébergement des femmes victimes de violences était du domaine du régalien et que l’agglomération n’avait pas à intervenir sur ce sujet, et ce d’autant plus qu’il ne fallait pas favoriser une association par rapport à une autre ! Et 10 mois après c’est l’absolu contraire avec le dispositif justifiant la subvention mise au vote ce soir  et IMANIS absolument seule aux manettes ! 

Tout cela manque de transparence par rapport aux autres associations. Est-ce qu’il y a eu un appel d’offre ? Quand ? quel était le cahier des charges ? Si oui comment se fait-il que les autres associations ne semblent pas avoir été mises au courant ? Il est utile de rappeler que le projet pour le moyen et le long terme a fait l’objet d’un appel d’offre et que c’est l’AIDAPHI qui l’a obtenu…(places en intermédiation locative)

Tout cela est tellement opaque qu’on en vient à se demander si IMANIS n’a pas monté seule ce projet dans son coin, l’a ensuite soumis à la commission des affaires sociales de l’agglomération ainsi qu’à la Préfecture, et que cette dernière a donné 10 places d’hébergement d’urgence…Pourquoi ces dix places d’hébergement sont-elles données à IMANIS plutôt qu’à l’AIDAPHI ? Tout cela paraît bien léger et surtout très opaque…des choses se font ou ne se font pas et on retrouve toujours IMANIS au milieu de tout ça. 

L’intérêt général sur cette question très sensible aurait mérité un projet collectif et enrichi par la diversité des associations et intervenants locaux. Au contraire, le projet présenté ce soir est complètement fermé, sans ouverture sur les autres associations, et cela interroge…

 Quant au fond du projet, plusieurs questions se posent. 

La notion d’urgence est mise en avant dans le projet, mais justement quelle est votre définition de

l’ urgence en matière d’aide aux femmes victimes de violences ? Il est utile de rappeler que les associations préfèrent parler d’immédiateté, car les femmes et les enfants ont alors besoin d’être protégés de suite, les enfants de pouvoir de suite continuer d’être scolarisés et les femmes immédiatement protégées du conjoint violent. Après un dépôt de plainte, la femme avec ou sans enfant doit être mise à l’abri immédiatement, le temps que la police ou la gendarmerie appréhende le conjoint violent, le mette en garde à vue avant une comparution rapide. Quand le 115 ne peut héberger sur le montargois, l’association Femmes solidaires paient des nuitées d’hôtel (une voire deux nuits)

Peut-être faudrait-il une convention avec des hôtels différents afin que les agresseurs ne puissent pas identifier le lieu, et que l’agglomération finance des nuitées. Est-ce que cela a au moins été abordé ? Y aura-t-il des chambres prévues pour héberger une à deux nuits ?

En tout cas ça ne ressort pas du projet. Un lieu permanent finit en effet rapidement par être identifié par les conjoints violents, avec les risques qui peuvent en découler…

Quelle assurance avons-nous qu’un véritable travail social qui sera fait avec les femmes et enfants victimes de violences ? 

Par ailleurs, le projet parle de « retour à l’autonomie » en partant malheureusement du principe que les femmes ne sont pas autonomes alors que nombre de femmes victimes de violences ne sont pas dans la précarité et ont surtout besoin d’être immédiatement hébergées ou de pouvoir retourner dans leur logement avec l’idée dans ce dernier cas que ce sont les hommes violents qui soient obligés de quitter le logement. Ce sont surtout les femmes ne maîtrisant pas la langue qui sont concernées par cette notion de « retour à l’autonomie ». Là aussi, l’absence d’ouverture aux autres associations entraîne une certaine confusion dans les objectifs du projet…

Rappelons qu’il y a déjà un lieu d’accueil et d’écoute rue Marcelin Berthelot à Montargis et qu’il y a également déjà une intervenante sociale qui fait partie de l’AIDAPHI et qui intervient au commissariat et à la gendarmerie 

Pourquoi la CAF et pôle emploi, qui sont des acteurs importants sur ce sujet, ne sont même pas mentionnés ? Comment tous ces intervenants vont-ils travailler en lien avec cette nouvelle structure ?

 Il y a donc au final trop de partenaires qui ont été mis de côté et qui auraient pu enrichir le projet. 

 Pour toutes ces raisons, ce projet étant trop opaque dans la forme comme sur le fond, ne nous permettant pas de savoir vraiment où nous allons, nous nous abstiendrons.

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