Conseil d’agglomération 28 septembre 2021. Rapport sur l’eau 2020. Intervention de Bruno Nottin

Depuis de nombreuses années, nous demandons la création d’une régie publique de l’eau dans l’agglomération montargoise. La création d’une régie permettrait un vrai contrôle des élu.e.s et des citoyens sur la production et la distribution de l’eau. Aujourd’hui, le réseau, mal entretenu par SUEZ, perd chaque année de milliers de mètres cubes dans des fuites qui sont finalement facturées aux Montargois. C’est donc une aberration sociale et écologique au moment où le gaspillage de la ressource en eau est un enjeu majeur. Un contrôle public permettrait de ne pas laisser l’argent des usagers du service de l’eau  engraisser les actionnaires de SUEZ,  mais au contraire d’entretenir le réseau. Une régie permettrait aussi de mettre en place une tarification sociale et progressive.Les premiers mètres cubes pourraient être gratuits et la tarification progressive en fonction de la consommation. Il est en effet aberrant qu’une personne consommant peu d’eau paye le même prix que celui qui remplit sa piscine !Enfin, le contrôle public de la production d’eau et de sa distribution c’est aussi garantir de ne pas laisser dans les mains de grandes multinationales comme SUEZ un savoir-faire pourtant indispensable à l’humanité. 

Concernant le rapport, plusieurs remarques : 

le rendement du réseau a augmenté légèrement de 1,5 % (83,71 % contre 82,13 % en 2018) : certes c’est bien mieux que les taux qui étaient aux alentour de 75 % avant 2015, mais c’est bien en dessous des 87 % de 2018 ou 2016...Donc 16 % de l’eau traitée par la collectivité et donc potable se perd dans les canalisations. Ca reste un taux de perte trop important. Ce n’est rien d’autre que le taux de rendement de 85 % exigé depuis des années par l’agence Seine Normandie et que nous  réclamions bien seuls depuis longtemps. C’est d’autant plus facile d’annoncer des chiffres qu’ils ne sont pas vérifiables et que de plus de gros doutes persistent sur la réalité des pertes d’eau :  le taux officiel de fuites d’eau de 20 % est largement sous-estimé par les collectivités locales car aujourd’hui on perd plutôt en moyenne 40 % de l’eau distribuée  selon le représentant des entreprises de canalisations. Il faudrait qu’un cabinet indépendant puisse expertiser lui aussi le taux de rendement de réseau, car les chiffres donnés sont ceux de la Lyonnaise, qui est juge et partie.

– le prix de l’eau a encore augmenté avec une hausse de 7,58 % en 2020 ( à peine compensé par la baisse du tarif de l’assainissement), à  2,58 euros/m³ contre 2,05 en moyenne nationale selon le 9ème rapport de l’observatoire des services publics d’eau et d’assainissement 2020, soit 14% au dessus de de cette même moyenne nationale, ce qui est considérable. Si on y ajoute le coût du m³ de l’assainissement ( 1,95 euros), on arrive à  4,53 euros le m³ eau + assainissement contre 4,08 en moyenne au niveau national, soit 10% au dessus de cette même moyenne nationale. Cette augmentation est  liée à la formule d’indexation des prix prévue au contrat de délégation. Rappelons qu’au  niveau financier, le nouveau contrat  de délégation est fort juteux pour SUEZ/Lyonnaise avec des recettes d’exploitation annuelles en moyenne de 4 206 952 euros, un résultat avant impôt de 284 370 euros/an et un taux de marge prévisionnel annuel de 6,8 %. Une vraie rente de situation.Mais curieusement , concernant le rapport 2020 nous n’avons ni le résultat avant impôt ni le taux de marge. 

– le renouvellement des canalisations continue à être ridicule car au cours de l’année 2020, le taux moyen de renouvellement des réseaux d’eau potable a été de 0,56 %. Sur les 5 cinq dernières années, le taux moyen de renouvellement est de 0,40 %. Au cours des 5 dernières années, seulement 11,811 km de linéaire de réseau ont été renouvelés  sur les 423 km du réseau,

Rappelons que la durée de vie du réseau d’eau potable étant de 50 à 75 ans et que le remplacement des conduites endommagées et anciennes permet de réduire les fuites et le prélèvement sur la ressource tout en sécurisant le réseau.  Le nouveau contrat de DSP avec la Lyonnaise a prévu  un taux de 0,34% bien en deçà des travaux indispensables à réaliser. 

Sur les 423 kms de canalisations : 41 kms sont classées en un état préoccupant et 87 kms en sensible. Le taux de 0,56% représente seulement 3,3 kms et à ce rythme  il faudrait 126 ans pour renouveler le réseau actuel!   

– Quant aux branchements en plomb, le taux de renouvellement de 0,68 % en 2020, encore plus bas qu’en 2019 ( 0,91%) , soit seulement 146 branchements sur les 2291 qui restent  à renouveler, est là aussi largement insuffisant et scandaleux et au très bas niveau de ce que vous avez négocié dans le nouveau contrat de DSP avec vos ridicules 150 branchements en plomb que devra renouveler la Lyonnaise chaque année ! A ce rythme là, il faudra 16 ans  pour renouveler les branchements en plomb, ce qui ne permettra pas de se mettre en conformité avec la loi. N’en déplaise à certains parmi vous, la législation prévoit l’abaissement progressif de la teneur en plomb dans l’eau distribuée à partir du 25/12/2013 !!!

Les travaux engagés en 2020 ont baissé drastiquement de 57 % et de 1 908 846 euros sur 2019 !

Enfin, l’indice global d’avancement de protection de la ressource n’est que de 60 %.

Dernière remarque concernant l’assainissement collectif : le taux moyen de renouvellement des réseaux est extrêmement bas à 0,29 % ( 0,25 % en moyenne sur les 5 dernières années)

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